On le savait depuis longtemps, ils devaient arriver un jour ou l'autre. On ne pouvait pas l'ignorer, mais l'on n'a pas su se préparer.

Et ils sont arrivés. Ils ont traversé. Ils ont saccagé. Et ils sont repartis. La botte secrète du baron en transforma quelques-uns en gnomographies, mais ce fut insuffisant.

Les lamas sont donc passés. La poussière retombe. Quelques touffes de laine sèche volettent encore dans les airs troublés par cette attaque époustouflante. Le manoir s'en trouve ravagé, les meubles sont brisés et les toiles déchirées. Les résidents, pris de panique, sont partis. Un semblant de solitude reste, comme à l'abandon, dans ces ruines fraîches.

Mais les poings se levèrent. Les forces s'unirent, et quelques volontaires acharnés, forcenés, eurent une vision. Celle d'un destin. La purification par le camélidé. Détruire pour mieux rebâtir. Vision d'un avenir radieux où mystères et découvertes, profitables financièrement ou non, viendront réchauffer les coeurs de chacun.

Et donc ils s'armèrent. Ne pas réparer : reconstruire, rebâtir. Il faut bien dire aussi que la déco rococo-pistacho-kitsch imposée par Zhao à son époque avait fait son temps.

C'est donc en une nuit qu'ils préparèrent dans un secret presque absolu ce cadeau à chacun d'entre nous. Des meubles neufs qui sentent l'ancien, et du savoir ancien qui fleure la nouveauté ; le tout dans un cadre propice à la réflexion et à la beuverie délicate.

Les portes sont désormais ouvertes ; admirez ! Prenez vos aises et vos quartiers, ne vous laissez pas intimider. Ce manoir est à vous.

Mais surtout, n'oublions pas : que leurs noms soient chantés. A vous deux, Adora, Mjollnà, nous devons reconnaissance. A vous deux, Mjollnà, Adora, nous devons remerciements. Que le destin du lama chantant leur soit favorable.